Guerre en Ukraine
Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Emmanuel Macron a déclaré ce mardi 11juillet que Paris allait à son tour fournir ces missiles de croisière. Des armements réclamés de longue date par Kyiv, pour compléter son avancée progressive sur le terrain.
Après les Etats-Unis et leurs armes à sous-munitions, c’est au tour de la France d’annoncer ce mardi 11 juillet la livraison de nouveaux équipements à Kyiv : les Scalp. Ces missiles de croisière pourraient aider à débloquer la contre-offensive ukrainienne, en frappant derrière la première ligne de défense russe.
C’est quoi ce missile ?
Le Scalp a été développé à partir du courant des années 90 conjointement par la France et le Royaume-Uni, où il est appelé Storm Shadow. Londres avait d’ailleurs déjà annoncé livrer ces armes à Kyiv courant mai.
Une source militaire française a assuré mardi que les Scalp étaient déjà sur le terrain. Ils «ont été livrés en même temps que notre président l’annonçait», a précisé cette source, en marge du sommet de l’Otan à Vilnius. Paris n’a toutefois fourni aucune précision sur le nombre de missiles qui ont déjà été ou seront livrés, alors que ses stocks sont estimés à «moins de 400», selon le magazine spécialisé Défense et sécurité internationale.
Analyse
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Ce missile est lancé depuis un avion de chasse, comme le Rafale ou le Mirage 2000 pour l’armée française. Il peut voler à 1 100 km/h, en transportant 450 kg d’explosifs. Il est doté d’équipements qui le rendent «furtifs et très précis», a souligné Marc Chassillan, ingénieur et expert en système d’armes, auprès de LCI.
Surtout, le Scalp dispose d’une portée de plus de 500 kilomètres, plus que toutes les autres armes fournies jusqu’ici à Kyiv par les pays occidentaux, ce qui lui donne accès aux zones dans l’est du pays aujourd’hui contrôlées par les Russes. Mais il est possible que la version livrée à l’Ukraine soit bridée, car la portée maximale des missiles livrés à l’Ukraine serait limitée à 250 km.
Quel intérêt stratégique ?
Dans une guerre dont le front est resté extrêmement stable depuis cet hiver, en dépit des velléités offensives successives des forces russes et ukrainiennes, ce missile de croisière permet à l’armée du président Volodymyr Zelensky de frapper bien au-delà de la ligne de front.
«C’est essentiel aux forces ukrainiennes pour perturber la logistique ainsi que le commandement et le contrôle russes», explique Ivan Klyszcz, chercheur au Centre international pour la défense et la sécurité (ICDS), en Estonie. Cette capacité nourrira «l’approche actuelle» des forces ukrainiennes, qui tentent «d’avancer lentement pour protéger leurs forces et réduire leurs pertes autant que possible».
Avec ces missiles notamment, «quelques avions de chasse opérant depuis un espace aérien sûr peuvent faire la différence», expliquait en juin Dylan Lehrke, analyste de la société privée de renseignement britannique Janes. «Les forces russes peuvent priver d’accès les avions ukrainiens de l’espace au-dessus des territoires qu’ils contrôlent, mais ils n’ont pas été capables de se défendre contre des frappes dans la profondeur.»
Pourquoi ?
Kyiv, de fait, en réclame depuis longtemps, mais les Occidentaux ont beaucoup hésité, comme pour les avions de chasse. En mai, commentant l’annonce de livraison britannique, le think-tank new-yorkais Soufan Center relevait que «le refus occidental de fournir des missiles longue portée était fondé sur la crainte que l’Ukraine puisse frapper au-delà des territoires ukrainiens occupés, en Russie elle-même, escaladant alors le conflit de façon substantielle».
Avec ces missiles, le quartier général de la marine russe en mer Noire, installé à Sébastopol, en Crimée, est désormais à portée de feu des Ukrainiens, de même que plusieurs villes russes près de la frontière, soulignait cette note du think-tank new-yorkais, spécialisé dans les questions de sécurité.
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Mais Londres a pour autant insisté sur le fait que ces missiles devaient «permettre à l’Ukraine de repousser les forces russes basées sur le territoire souverain de l’Ukraine», selon les termes du ministre de la Défense britannique, Ben Wallace.
Idem côté français, a rappelé Emmanuel Macron ce mardi : les missiles Scalp seront livrés «en gardant la clarté, la cohérence de notre doctrine, c’est-à-dire permettre à l’Ukraine de défendre son territoire», excluant ainsi implicitement toute utilisation pour frapper la Russie.